Reseña del libro "Le Gaz Au Liban: Souveraineté et Enjeux (en Francés)"
C'est une recherche minutieuse, réellement passionnante, que nous livre aujourd'hui Charbel Skaff sur la gestion par l'Etat libanais de la potentialité de l'existence de gisements de gaz dans les eaux libanaises. La question est particulièrement centrale, étant donné la situation économique du pays. L'étude se base sur des sources originales, faites de nombreux entretiens avec des acteurs impliqués dans le dossier à un titre ou l'autre, et une abondante exploitation de la presse libanaise et internationale, sans oublier les séminaires spécialisés et rapports sur la question. L'ouvrage synthétise les découvertes de gisements importants de gaz dans les eaux de plusieurs Etats de la région: l'Egypte, Chypre et Israël. Il détaille les prospections faites au large du Liban par des entreprises internationales. Il analyse surtout la délicate question à laquelle l'Etat libanais se trouve rapidement confronté celle de la délimitation de ses frontières maritimes. Etant donné l'état de guerre avec Israël et parce qu'il semble difficile de soulever la question avec la Syrie, au vu du conflit qui ravage alors le pays, du fait également de la complexité des relations entre les deux pays, Beyrouth décide d'engager les pourparlers avec Chypre. L'auteur analyse la négociation de l'accord conclu en 2007 et les raisons de sa non-ratification par le Liban en définitive. Il montre qu'une erreur extrêmement préjudiciable est intervenue, qui prive le Liban de centaines de Km2 de ses eaux territoriales, au profit de l'ennemi israélien. Les Etats-Unis multiplient les médiations pour un règlement de ce litige sur les frontières maritimes. En vain. La Russie, quoique très présente sur la scène, investissant notamment dans le gaz israélien et obtenant de la Syrie des contrats avantageux pour l'avenir, ne propose pas ses bons offices. Pourtant, la compagnie Novatek remporte, avec la compagnie française Total et l'italienne Eni, les appels d'offres pour la prospection. La France et l'Italie consolident ainsi leur poids au Liban, déjà conséquent du fait de leur investissement dans la Finul, à la tête de laquelle Paris et Rome se sont succédé. Le Liban est aussi placé face à des choix d'alliances à l'échelle régionale. Si Israël, la Grèce et Chypre semblent se diriger vers une coopération accrue, la Turquie multiplie les contacts avec Beyrouth et ambitionne manifestement de se positionner comme le hub régional du passage des oléoducs, concurrencée en cela par l'Egypte. L'Iran s'efforce aussi de sortir de son isolement à travers des alliances régionales, politiques mais aussi énergétiques. Ces questions stratégiques recoupent les débats politiques internes qui se développent autour de la question. Le dossier du gaz n'échappe pas à la polarisation qui divise la scène politique entre les camps opposés des Huit et Quatorze mars. Ces clivages semblent se doubler dans le cas du gaz d'une lutte entre alliés politiques du même bord, et plus particulièrement entre le Courant patriotique libre (CPL) du Président Michel Aoun et le mouvement Amal du Président du Parlement. Les dissensions politiques bloquent l'adoption des lois dans le secteur gazier pendant plusieurs années.Sur ces questions comme sur bien d'autres, le Liban n'adopte pas une politique claire, du fait des discordes internes et de ses hésitations. L'auteur montre ainsi clairement dans son bel ouvrage les difficultés du pays à exercer pleinement sa souveraineté.
